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jetés par hasard sur le roc et dans les vallées, quelques buissons épars autour des étangs et le long des ruisseaux. Quiconque a vu la Norwége croit la retrouver dans le Groënland, si ce n’est que les montagnes, là couvertes d’arbres et coupées à pic dans le sein de la mer qui les baigne, sont ici toutes nues et comme environnées des étangs et des marais glacés que l’Océan y forme pour les rendre, ce semble, doublement formidables.

À l’entrée du Groënland, par le midi, s’offre le cap Farewell. C’est une île séparée du Statenhoek ou cap des États, par un courant si étroit, que la mer, en se brisant contre les rochers, les brise à son tour et les roule en pièces dans ses tourbillons. Ce détroit est tourmenté de vents impétueux, à peu près comme celui de Magellan, avec lequel il a d’autres rapports de situation, car l’un est aussi voisin du pôle arctique que l’autre peut l’être du pôle austral.

En montant au nord, les anciennes cartes indiquaient le détroit de Frobisher, qui fut long-temps une matière de contestation entre les navigateurs ou les voyageurs. On doute avec raison que Frobisher ait jamais découvert ou tenté ce passage. Celui auquel on donna son nom est le même qui fut plus tard reconnu par Hudson.

Egede dit qu’après avoir essayé de passer à la côte orientale du Groënland par le prétendu détroit de Frobisher, il n’a pu s’assurer si c’en était un réellement. David Crantz, dont