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roches et de sable ; les autres sont pendant toute l’année couvertes entièrement, ou seulement à leur sommet, de glace et de neige, et on les appelle jokuls, jockelen. Il en sort en été de grands ruisseaux dont les eaux sont troubles, noirâtres, et la plupart de fort mauvaise odeur.

Ce qu’il y a de singulier, c’est que ces jokuls, qui ne sont pas bien hauts, sont dominés par d’autres montagnes beaucoup plus élevées, et sur lesquelles cependant on ne voit en été ni glace ni neige. Il faut sans doute en chercher la cause dans la substance intérieure de ces rochers, et dans l’abondance du nitre et du salpêtre dont ils sont remplis.

« La nature de ces jokuls, dit Horrebow, n’étonne pas moins que les phénomènes qui s’y font remarquer. Une suite d’observations physiques sur ces montagnes instruirait sans doute bien plus qu’une description historique ; mais comme je n’ai pu me procurer que des connaissances du dernier genre, je vais rapporter ce qui m’a frappé davantage.

» Ces jokuls croissent, décroissent, s’élèvent et s’abaissent, grossissent et diminuent perpétuellement. Chaque jour ajoute à leur forme, ou en change quelque chose. Par exemple, si l’on aperçoit des traces de quelqu’un qui a passé la veille, et qu’on suive ces traces, elles se perdent tout à coup et se trouvent aboutir à des monceaux de glace qu’on ne peut absolument traverser ; d’où l’on conclut que ces