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Les divertissemens des Islandais sont aussi simples que la vie qu’ils mènent. Toutes leurs récréations, dans les momens de loisir qu’ils ont en hiver, pendant les temps orageux, et les dimanches et les fêtes, consistent à se rassembler en famille, à converser ensemble, à chanter d’anciennes chansons guerrières de leurs ancêtres, et à jouer aux échecs. Ils ont une grande quantité de ces chansons, et ils les chantent sur des airs assez grossiers, parce qu’ils ne connaissent ni mesure, ni musique, ni aucune sorte d’instrumens. La danse étant également ignorée chez eux, ils n’en font aucun usage ; ils n’ont même aucun exercice qui en approche ; c’est en quoi ils diffèrent particulièrement de tous les habitans des pays septentrionaux, et peut-être de tous les peuples du monde.

Les Islandais ont un goût marqué pour le jeu d’échecs, et il paraît que de tout temps ils ont passé pour d’habiles joueurs, comme ils en ont encore la réputation. Le jeu des échecs est donc fort en usage chez eux, et il n’est pas rare de trouver, même parmi le petit peuple, des gens qui le jouent très-bien. La Pereyre dit qu’il n’y a point de si misérable paysan qui n’ait chez lui son jeu d’échecs fait de sa main, et d’os de poisson. La différence qu’il y a de leurs pions aux nôtres, c’est que leurs fous sont des évêques, parce qu’ils pensent que les ecclésiastiques doivent être près de la personne des rois ; leurs rocs, au-