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qu’on était obligé de remettre le service à un autre jour.

L’auteur danois réfute expressément ces accusations par son propre témoignage. Il assure que l’ignorance n’est rien moins qu’un vice commun à tout le clergé ; qu’il peut y avoir, à la vérité, comme il s’en trouve partout, quelques ecclésiastiques peu instruits, mais qu’il a vu plus communément parmi eux des prédicateurs dignes du nom de savans et d’habiles littérateurs. Ils n’étaient pas même, dit-il, seulement bons théologiens et versés dans la connaissance des livres ascétiques, ils possédaient encore fort bien les poëtes et les auteurs grecs et latins. D’ailleurs, comme il l’observe, la plupart des prêtres islandais font leurs études à Copenhague, et y subissent des examens sur la théologie avant de posséder des bénéfices en Islande ; il faut, par conséquent, en conclure que le clergé ne peut y être aussi ignorant qu’Anderson a voulu le persuader.

Il y a plus : on veille en Islande avec tant d’attention sur les prédicateurs, sur les ministres de l’Évangile, et surtout l’état ecclésiastique, que le vice le plus léger ne peut manquer d’y être aperçu, et que les fautes y sont punies très-sévèrement. Qu’un prédicateur entreprenne seulement un petit voyage un jour de dimanche ou de fête, il est aussitôt cité au consistoire, et il n’en sort qu’après avoir été amendé, ou du moins après avoir essuyé une réprimande sévère. On peut juger de la justice