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lité des hommes est toujours en raison de leur ignorance. Les Scandinaves, aisément trompés, déifièrent l’homme qu’ils avaient reçu pour maître. Ce souverain établit pour juges de la nation douze seigneurs de sa suite ; bientôt on en fit autant de dieux ; leurs femmes et leurs filles participèrent aux mêmes honneurs. Après avoir vu mourir toutes ces divinités humaines, on continua de les invoquer comme si elles présidaient encore aux emplois qu’elles avaient exercés pendant leur vie.

La langue et les caractères runiques, apportés par Odin en Scandinavie, sont la source de celle qui se parle encore à présent en Islande. Le docteur Wormius assurait à La Pereyre que l’islandais était le plus pur runique qui se fût conservé. Cet idiome est, suivant Busching, l’ancienne langue norvégienne qui a reçu quelque altération, mais cependant très-utile pour expliquer les langues des anciens peuples du nord. Les caractères de la langue islandaise ont retenu de même leur origine runique. Il y en a d’hiéroglyphiques qui signifient des mots entiers.

On ne peut révoquer en doute que l’Islande n’ait reçu les lumières de l’Évangile dès le neuvième siècle, puisqu’il existe des monumens qui l’attestent. Telles sont, entre autres, les lettres-patentes de Louis le Débonnaire, du 15 mai 834, où il est dit que Jésus-Christ a été annoncé en Islande et dans le Groënland. Ces lettres-patentes sont adressées à