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né l’an 1179, d’une des plus illustres familles de l’île.

On sait que les prêtres des Celtes, nation dont les Islandais faisaient partie, avaient, comme les anciens prêtres d’Égypte, ou comme les brames modernes de l’Inde, deux espèces de doctrine ; l’une qu’ils se réservaient comme un secret inviolable, et qui a péri avec eux ; l’autre, qui n’était qu’un mélange informe de fables et de dogmes politiques transmis de génération en génération par tradition orale. Ces vers se perdirent chez les Gaulois et les Bretons lorsque la forme de leur gouvernement changea ; mais probablement les Islandais les conservèrent avec soin jusqu’au milieu du onzième siècle, époque de la première collection faite par Sœmund, sous le nom d’Edda. Ce nom d’Edda, appliqué au corps de la mythologie islandaise, a donné la torture aux étymologistes ; mais comme, selon Mallet, il vient d’un terme de l’ancien gothique qui signifie aïeule, « il est, dit-il, dans le génie des anciens philosophes celtes d’avoir voulu désigner ainsi l’antiquité de leur doctrine. »

Il ne reste aujourd’hui de l’Edda que trois poëmes entiers, et l’abrégé qu’en fit en prose, au commencement du douzième siècle, Snorro Sturleson. Ces trois poëmes sont les plus anciens qui existent en langue gothique. L’un est intitulé Voluspa ou Prophétie de la sibylle ; le second, Havamaal, et il contient la morale d’Odin, qui passe pour en être l’auteur ; le