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plusieurs siècles après la couleur du sang humain qui y avait été répandu.

On représente ces anciens Islandais comme des hommes spirituels et curieux qui conservaient avec soin la mémoire non-seulement de tout ce qui se passait dans leur patrie, mais même de tous les événemens remarquables qui arrivaient dans les royaumes de l’Europe. Aussi leur compatriote Arngrim Jonas leur applique-t-il ce qu’Hérodote et Platon ont dit des Égyptiens, ad totius Europæ res historicas Lyncei. En effet, Saxon le grammairien, dans la préface de son Histoire danoise, avoue qu’il s’est servi très-utilement des annales islandaises. La Pereyre dit que le docteur Wormius, qui en avait une copie, lui en avait expliqué différens endroits, et qu’il y avait remarqué plusieurs traits d’histoire relatifs à la Norvége, au Danemarck, à l’Angleterre et aux îles Orcades ; et entre autres, le récit de l’irruption des Normands en France, lequel était sans date. Il parle aussi de la descente d’Ingulfe. Or cette première irruption des Saxons étant de l’an 845, sous Charles-le Chauve, c’est une nouvelle preuve que l’Islande était habitée depuis long-temps, puisqu’elle avait déjà des historiens et des poètes ; car une partie de ces annales est écrite en vers ; et les Islandais ont toujours joui parmi leurs voisins d’une grande réputation pour leurs poésies.

Les Islandais ont une mythologie très-ancienne, dont la collection se nomme Edda. Voici