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si ces trois navigateurs trouvèrent des habitans en Islande. Elles citent, comme la source des peuples de cette île, un certain Ingulfe, Norvégien, qui se retira dans cette île avec son beau-frère Hior-Leifs, pour avoir tué deux grands seigneurs de leur pays. Comme c’était une coutume que les bannis de Norvége arrachassent les portes de leurs maisons et les emportassent avec eux, Ingulfe, qui n’avait pas oublié les siennes, les jeta dans la mer dès qu’il fut à la vue de l’Islande, en se proposant d’aborder au hasard où les flots les pousseraient. Cependant il prit terre à un autre endroit, et ne trouva ses portes que trois ans après ; ce qui l’engagea à fixer son séjour où elles s’étaient arrêtées. C’est à l’an 874 qu’est fixée l’époque du séjour d’Ingulfe en Islande. Les annales assurent qu’il trouva cette île inculte et déserte lorsqu’il y arriva, et qu’il reconnut néanmoins que des marins anglais, ou irlandais avaient autrefois pris terre dans cette île, par quelques cloches, par certaines croix, et quelques ouvrages faits à la mode d’Irlande et d’Angleterre, qu’on voyait sur le rivage. Cependant on ne peut pas conclure de ce récit que l’Islande ne fut point habitée avant l’arrivée d’Ingulfe, mais seulement que le canton où il se fixa ne l’était point. Les mêmes annales rapportent que les anciens Islandais appelaient ces Irlandais Papas, et la partie occidentale de leur île Papey, parce que les étrangers avaient coutume d’y aborder comme