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cette espèce d’arme à feu écarte tellement les balles, qu’elle en couvrirait la plus grande porte. Si l’infortuné qui reçoit le coup n’est pas tout-à-fait mort, le meurtrier s’approche en l’exhortant de dire Jésus Maria, et l’achève à terre de quelques coups d’épée ou de poignard. Il arrive quelquefois que ces perfides assassins trouvent la partie égale, et qu’ils sont arrêtés par ceux dont ils menacent la vie ; mais ils se tirent d’embarras en protestant qu’ils se sont trompés, et qu’une autre fois ils sauront mieux distinguer leur ennemi.

Dans les visites qu’on rend aux Portugais, on se garde bien de demander à voir leurs femmes, ou même de s’informer de leur santé. Ce serait assez pour s’exposer à quelque duel de la nature de ceux qu’on vient d’expliquer, ou pour exposer une femme au poignard ou au poison.

À quelque distance de Cachao, vers le sud, on trouve les îles de Bissao et celle des Bissagos, où les Portugais ont aussi un établissement. Brue visita ces îles. Elles sont soumises à un empereur. La principale, qui donne son nom à toutes les autres, a quarante lieues de circonférence.

Le terroir est si riche et si fécond, qu’à la grandeur du riz et du maïs, on les prendrait pour des arbustes. Il s’y trouve, avec le maïs des deux espèces, une autre sorte de grain qui lui ressemble. Il est blanc, et se réduit aisément en farine, que les habitans mê-