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quit aussitôt en ouvrant un de ces terriers, dont le dehors était uni et cimenté comme s’il eût été l’ouvrage d’un maçon. Ces fourmis sont blanches, de la grosseur d’un grain d’orge, et fort agiles. Leurs demeures n’ont qu’une seule ouverture vers le tiers de leur hauteur, d’où elles descendent sous terre par une sorte d’escalier circulaire. Brue fit jeter près d’un de ces terriers une poignée de riz, quoiqu’il ne parût aucune fourmi hors du trou ; mais dans l’instant il en sortit une légion, qui transportèrent ce trésor dans leur magasin, sans en laisser le moindre reste, et qui rentrèrent dans leur asile lorsqu’elles n’en trouvèrent plus. Ces espèces de ruches sont si fortes, qu’il n’est pas facile de les ouvrir.

Sur la rivière de Paska, Brue admira l’adresse d’un Nègre qui tenait son arc et ses flèches d’une main, tandis que de l’autre il conduisait un canot ; s’il apercevait un poisson, il était sûr de le percer, et sur-le-champ il retirait la flèche avec sa proie. Entre les arbres qui bordent les deux rives, Brue trouva des oiseaux dont le cri répète les deux syllabes ha, ha, aussi distinctement que la voix humaine.

En quittant cet agréable canton , Brue voyagea pendant deux jours dans un pays qui n’est habité que par des Feloups indépendans qui se sont établis entre la rivière de Gambie et celle de Cachao. Ceux qui ont été subjugués par le roi de Djeredja et les Portugais sont assez civilisés ; mais les autres, qui habitent