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Rien n’y paraissait en friche. Les cantons bas étaient divisés par de petits canaux et semés de riz. Au long de chaque canal, l’art des habitans avait élevé des bordures de terre pour arrêter l’eau. Les lieux élevés produisaient du millet, du maïs et des pois de différentes espèces, particulièrement une espèce noire, qui s’appelle pois nègre, et qui fait d’excellente soupe. Les melons d’eau de ce canton sont d’une beauté parfaite. Il s’en trouve qui pèsent jusqu’à soixante livres. Leur graine est couleur d’écarlate, et le jus en est extrêmement doux et rafraîchissant. Le bœuf du pays est excellent ; mais le mouton est si gras, qu’il sent le suif. La volaille et toutes les nécessités de la vie y sont en abondance.

Les chauves-souris du pays sont de la grosseur de nos pigeons, avec de longue ailes armées de pointes, qui leur servent à s’attacher aux arbres, où elles se tiennent suspendues, en formant ensemble des espèces de gros pelotons. Les Nègres en mangent la chair après les avoir écorchées, parce qu’ils croient que le petit duvet brun dont elles ont la peau couverte est un poison. C’est le seul de tous les volatiles connus à qui la nature ait donné du lait pour la nourriture de ses petits.

Brue, ayant remarqué en chemin des pyramides de terre dans plusieurs endroits, les avait prises d’abord pour des tombeaux ; mais l’alcade qui lui servait de guide l’assura que c’était la retraite des fourmis, et l’en convain-