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gros et plus dangereux que ceux qui se trouvent à l’embouchure. Les laptots du général en prirent un de vingt-cinq pieds de long, à la grande joie des habitans, qui se figurèrent que c’était le père de tous les autres, et que sa mort jetterait l’effroi parmi tous les monstres de sa race.

Brue visita Dramanet, ville fort peuplée, sur la rive sud du Sénégal ; elle n’a pas moins de quatre mille habitans, la plupart mahométans, les plus justes et les plus habiles négocians qu’on connaisse entre les nègres. Leur commerce s’étend jusqu’à Tombouctou, qui, suivant leur calcul, est cinq cents lieues plus loin dans les terres. Ils en apportent de l’or et des esclaves bambarras, qui tirent ce nom du pays de Bambarra-kana, d’où ils sont amenés. C’est une grande région située entre Tombouctou et Casson, fort peuplée, quoique stérile, et peu connue d’ailleurs des géographes. Les marchands de Dramanet font quelque trafic d’or avec les Français du Sénégal ; mais ils en portent la plus grande partie aux Anglais de la rivière de Gambie.

Pendant que Brue envoyait reconnaître la rivière de Falémé, qui se jette dans celle de Sénégal, il prit la résolution de visiter les cataractes de Felou. Ces cataractes sont formées par un rocher qui coupe entièrement la rivière, et d’où elle tombe, avec un bruit épouvantable, de la hauteur d’environ quarante brasses. Les montagnes qui préparent cette chute