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que la réputation qu’il s’était établie par sa conduite leur ferait agréer tout ce qu’il voudrait offrir.

Sa petite flotte alla mouiller dans l’île du Rocher, où le général français avait établi un comptoir l’année d’auparavant. Mais, trouvant que les Maures y étaient venus, et qu’ils avaient emporté toute la charpente du magasin, il prit le parti d’abandonner un poste si dangereux pour transporter le comptoir à Oualaldei, situé quinze lieues plus bas.

Entre ces deux postes, le pays est coupé par de grands fonds, où les lions et les éléphans se rassemblent en grand nombre. Les éléphans sont si peu farouches, qu’ils ne s’effraient pas de la vue des hommes, et qu’ils ne leur font aucun mal, s’ils ne sont attaqués les premiers. Ces fonds, ou terres basses, produisent des épines d’une prodigieuse hauteur, qui portent des fleurs d’un beau jaune et d’une odeur fort agréable. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que, l’écorce de ces épines étant de différentes couleurs, l’une rouge, l’autre blanche, noire ou verte, et la couleur du bois étant presque la même que celle de l’écorce, toutes les fleurs ne laissent pas d’avoir une parfaite ressemblance. Elles formeraient le plus bel ombrage du monde, s’il était possible d’en jouir sans être cruellement tourmenté par les chenilles rouges dont elles sont couvertes, et qui forment des pustules sur tous les endroits de la peau où elles tombent. Le seul remède est de laver les par-