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remarque, disent les voyageurs, l’étendue surprenante de leur mémoire, et combien ils feraient de progrès, dans les sciences, si leurs talens naturels étaient cultivés par l’étude. Je croirais volontiers que cette admiration des voyageurs était un préjugé qui en remplaçait un autre. Ils s’imaginaient d’abord trouver dans les Nègres des animaux stupides, et, tout surpris, de voir qu’on peut être noir et avoir de l’intelligence, ils finissaient par estimer trop ce qu’ils avaient trop méprisé : ces Nègres, sans doute, sont susceptibles de culture ; mais l’infériorité naturelle de cette race d’hommes paraît démontrée par une longue expérience et par les plus sûrs témoignages.

Le village de Boucar est situé sur une petite éminence, au centre d’une grande plaine. L’air y est fort sain ; les maisons ressemblent à toutes celles du pays ; elles sont rondes et se terminent en pointes, comme nos glacières de France ; les fenêtres en sont fort petites, apparemment pour se garantir des moucherons, qui sont extrêmement incommodes dans tous les pays bas. Le folgar auquel Brue fut invité se tint au milieu du village ; il dura deux heures, et ne fut interrompu que par une pluie violente qui força tout le monde de se mettre à couvert.

Le lendemain on vint, de la part du prince, s’informer de la santé du général ; cette politesse fut suivie du déjeuner. Le prince, ayant envoyé du couscous et du lait, parut aussitôt