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taille médiocre, mais très-bien faite, jeune et fort agréable ; ses traits étaient réguliers, ses yeux vifs et bien fendus, sa bouche petite et ses dents extrêmement blanches ; son teint couleur d’olive aurait beaucoup diminué les agrémens de sa figure, si elle n’eût pris soin de la relever avec un peu de rouge.

Elle reçut Brue fort civilement, et le remercia de ses présens avec beaucoup de grâce. Il fit successivement sa visite à deux ou trois autres femmes du prince, après quoi, retournant auprès de lui, il y passa le temps jusqu’à l’heure du souper ; il fut reconduit alors dans son appartement, où il trouva plusieurs plats de couscous, du sanglet, des fruits et du lait en abondance, qui lui étaient envoyés par les femmes du prince. Quoiqu’il se fût fait préparer à souper par un cuisinier de sa nation, la civilité lui fit goûter de tous les mets africains. Après qu’il eut soupé, le prince vint, s’assit sans cérémonie, mangea quelque chose du dessert, but plusieurs coups de vin et d’eau-de-vie, et se mit à fumer avec lui jusqu’à ce qu’on fût venu l’avertir que tout était prêt pour le folgar ou le bal. L’assemblée était composée de toute la jeunesse du village, qui danse et chante tandis que les plus âgés sont assis sur des nattes autour de celle où se fait le folgar : ils s’y entretiennent agréablement ; et cette conversation, dont ils font un de leurs plus grands plaisirs, s’appelle kalder : chacun parle librement. C’est dans ces cercles qu’on