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servent à soutenir tout l’édifice. Les Nègres de quelque distinction mettent une natte sur ces châlits.

Brue éprouva à son tour les perfidies du damel. Ce prince, persuadé, comme tous les rois nègres, du besoin qu’avaient les Européens de commercer en Afrique et d’y chercher des esclaves, ne songeait qu’à mettre au plus haut prix possible la permission qu’il accordait à ses sujets de leur fournir des vivres et de faire des échanges avec eux. Il faisait sans cesse de nouvelles demandes à la compagnie, qui étaient ou rejetées ou éludées. Des brouilleries passagères occasionaient des réconciliations ou de nouveaux traités toujours accompagnés, suivant l’usage, de présens et de quelques barils d’eau-de-vie. La concurrence des marchands anglais que Brue voulait écarter rendit le damel encore plus fier et plus exigeant. Enfin il alla jusqu’à faire arrêter Brue en trahison. Il fallut payer une somme pour lui faire rendre la liberté, et peut-être pour lui sauver la vie, car le damel menaçait de lui couper la tête. Brue s’en vengea en éloignant de la côte tous les vaisseaux qui voulaient en approcher pour faire le commerce ; mais il fallut encore faire la paix, et Brue formait de nouveaux projets de vengeance, lorsqu’il fut rappelé dans sa patrie.

Dans un autre voyage sur le fleuve Sénégal, Brue visita le pays des Foulas et leur empereur, qui se nomme Siratik, nom que quelques voya-