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y en a de verts qu’on a peine à distinguer dans l’herbe. D’autres sont tachetés, ou semblent briller de différentes couleurs. On prétend qu’il s’en trouve de rouges, dont les blessures sont incurables. Les plus grands ennemis des serpens sont les aigles, dont le nombre est fort grand dans le pays. Il ne s’en trouve pas de si gros dans aucune région du monde ; mais il n’y a pas de lieu non plus où leur repos soit moins troublé ; car la pointe des flèches ne fait pas plus d’impression sur eux que la morsure des serpens. Il faut que leurs plumes soient extrêmement fermes et serrées. Ils portent un serpent entre leurs griffes, et le mettent en pièces pour servir de nourriture aux aiglons, sans en recevoir le moindre mal.

Les huttes des habitans sont de paille, mais plus ou moins commodes, suivant l’industrie du possesseur. La forme est ronde. Elles n’ont pour porte qu’un trou fort bas, comme la gueule d’un four, de sorte qu’ils ne peuvent y entrer qu’en rampant. Comme elles n’ont pas d’autre ouverture pour recevoir la lumière, et que le feu qu’on y entretient continuellement répand une épaisse fumée, il n’y a au monde que des Nègres qui puissent les habiter, surtout à cause de la chaleur, qui vient également de la voûte et d’un fond de sable brûlé qui en fait le plancher. Leurs lits sont composés de petits pieux placés à deux doigts l’un de l’autre, et joints ensemble par une corde ; aux quatre coins, d’autres pieux un peu plus gros