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sont extrêmement gros, et leur morsure est fort dangereuse. Les grisgris passent dans l’esprit des Nègres pour un charme tout-puissant contre ces terribles animaux. Les voyageurs remarquent qu’il y a une espèce de sympathie entre les serpens et les Nègres. On voit ces monstres se glisser librement dans les cabanes, où ils dévorent les rats, et quelquefois la volaille. S’il arrive qu’un Nègre soit mordu, il applique aussitôt le feu à la partie brûlée, ou la couvre de poudre à tirer, qu’il brûle dessus. Il s’y fait une cicatrice qui fixe le venin, lorsque le remède est assez promptement employé ; mais s’il vient trop tard, la mort est infaillible. La nation des Sérères n’est pas si familière avec les serpens que les autres Nègres, parce que, n’ayant pas de marabouts ni de gris-gris, elle ne se fie qu’à ses précautions pour s’en garantir. Elle leur déclare une guerre ouverte avec des trappes qu’elle tend avec beaucoup d’adresse, et qui en prennent un grand nombre. Elle mange leur chair, qu’elle trouve excellente.

Plusieurs de ces serpens ont jusqu’à vingt-cinq pieds de long sur un pied et demi de diamètre ; mais les Nègres prétendent que les plus grands sont moins à craindre que ceux qui n’ont que deux pouces d’épaisseur et quatre ou cinq pieds de longueur. On a du moins plus de facilité à éviter les premiers, parce qu’ils peuvent être aperçus de plus loin, et qu’ils n’ont pas tant d’agilité que les petits. Il