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rantir ceux qui les portent de toutes sortes de blessures, à la réserve néanmoins de celles des armes à feu, parce que l’invention, leur a-t-on dit, est postérieure au temps de Mahomet. Sous ces cottes de mailles les Nègres ont une multitude d’amulettes, qu’ils appellent grisgris, et celui qui en est le plus chargé doit être le plus brave, parce qu’il a moins de périls à redouter.

Le condi s’étant mis à la tête de sa troupe, la disposa sur quatre rangs, et fit avertir le roi qu’il était prêt à le recevoir. Ce prince était dans le magasin que la compagnie avait fait bâtir à Rufisque. Quoiqu’il ne fut pas fort éloigné de cette petite armée, il monta à cheval, et, prenant sa lance, il fit les mêmes mouvemens que s’il eût été près de combattre. Brue fut obligé de prendre aussi un cheval pour l’accompagner. Ils s’avancèrent jusqu’au milieu de la ligne. Le condi, à la vue de son maître, ôta son turban ; et, se jetant à genoux, se couvrit trois fois la tête de poussière ; mais le roi, qui n’était plus qu’à dix pas, lui fit porter ses ordres par un de ses guiriots militaires. Le condi, après les avoir reçus dans la même situation, se couvrit la tête, et fit commencer les exercices. Ensuite il reprit sa première posture, en attendant de nouveaux ordres qu’il reçut encore , et qui ne produisirent que des mouvemens fort irréguliers.

Les serpens sont fort communs dans tout le pays, depuis Rufisque jusqu’à Bieurt. Ils