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intempérance, il leur répondit que la loi était faite pour eux et pour le peuple, mais que les rois étaient au-dessus. Cette réponse d’un petit prince barbare, et la réponse de Samuel aux Juifs lorsqu’ils lui demandèrent un roi, prouvent quelle idée on s’est faite, en tout temps, de la royauté, même dans les pays où il semblait qu’on eût moins à en abuser.

Les femmes du damel ayant pris soin de fournir des provisions au général, il se crut obligé de leur faire quelques présens. C’était le roi qui se chargeait lui-même de ces détails lorsqu’il avait la raison libre ; mais sa passion pour l’eau-de-vie ne lui permettait pas d’être un moment sans en boire ; il était ivre aussi long-temps qu’il avait de cette liqueur. Quatre jours se passèrent avant que le général pût le trouver en état de l’entendre, et ses deux barils étaient déjà presque épuisés.

Enfin Brue partit avec toutes les commodités que le prince lui avait fait espérer pour son voyage, et après avoir pris les arrangemens les plus favorables pour le commerce. Les bagages furent chargés, et l’on partit sous la conduite d’un officier qui accompagna la caravane une partie du chemin.

On arriva le soir dans un village où les gens du roi prirent un boeuf au milieu du premier troupeau qui se présenta ; ils enlevèrent de même une vache et un veau : la chair en était excellente ; mais les maîtres de ces animaux firent leurs plaintes au général, qui leur donna,