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Ils arrivèrent le lendemain à Makaya, une des résidences du damel, qui s’y était rendu pour recevoir les Français. Devant la porte du palais ils trouvèrent une garde de quarante ou cinquante Nègres,avec un grand nombre de guiriots ou de musiciens, qui se mirent à chanter les louanges du général aussitôt qu’ils le virent à portée de les entendre. Les grands-officiers se présentèrent pour le recevoir et l’introduire à l’audience du roi. Il ne fut pas aisé à Brue, qui était d’une taille puissante, de passer par la porte de ce Versailles du royaume de Cayor ; le guichet était si bas, qu’il était obligé de se courber beaucoup. L’enclos contenait quantité de bâtimens, entre lesquels il y avait un kalde ou une salle d’audience ouverte de tous côtés. Le damel y était assis sur un petit lit dont la compagnie française lui avait fait présent ; il se leva lorsque Brue fut entré, et lui présentant la main, il l’embrassa, avec beaucoup de remercîmens de s’être détourné si loin de sa route pour le voir. Le général lui fit son compliment, et lui offrit les présens de la compagnie, avec deux barils d’eau-de-vie. L’ordre fut donné pour le traiter aux dépens de la cour, et pour renvoyer à Rufisque les chevaux et les chameaux qu’il y avait loués. Il fut conduit ensuite à l’audience des femmes du roi. Ce prince en avait quatre légitimes, suivant la loi de Mahomet ; mais ses concubines étaient au nombre de douze, malgré les remontrances des marabouts. Un jour qu’ils lui reprochaient cette