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de Sénégal, et celui de Saint-Joseph sur le bord de cette même rivière à trois cents lieues de son embouchure, près des cataractes de Felou, étaient comme l’on sait, les principales possessions des Français en Afrique.

Rufisque n’est qu’une corruption de Rio-Fresco, rivière fraîche, nom que les Portugais donnèrent à cet endroit, arrosé par un petit ruisseau qui, coulant entre des bois, conserve en tout temps sa fraicheur. C’est une dépendance du royaume de Cayor, et un port de commerce. Le roi de Cayor, qui se nomme le damel, entretient à Rufisque des officiers et un alcadi (mot arabe qui signifie le juge, que les Espagnols ont emprunté des Maures, et dont ils ont fait alcade). L’emploi de cet alcadi est de percevoir les droits du port et les revenus du damel.

La chaleur est insupportable à Rufisque pendant le jour, surtout à midi, dans le cours même du mois de décembre. Du côté de la mer, le calme est ordinairement si profond, qu’on n’y ressent pas le moindre souffle ; et les bois arrêtent aussi les mouvemens de l’air du côté des terres : aussi les hommes et les animaux n’y peuvent-ils respirer, surtout au long de la côte, dans la basse marée ; car la réverbération du sable y écorche le visage et brûle jusqu’à la semelle des souliers. Ce qui rend encore cet endroit plus dangereux, c’est la puanteur prodigieuse de quantité des petits poissons pouris que les Nègres y jettent, et qui répandent une