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fraîche où les matelots faisaient leurs provisions. Ayant pris la peine de le mesurer, il lui trouva dix-sept coudées de tour. L’arbre était creux ; mais son feuillage n’en était pas moins vert, et ses branches répandaient une ombre immense. Il s’en trouve néanmoins de plus grands encore ; d’où l’on peut conclure que le pays est fertile ; aussi est- il arrosé par un grand nombre de ruisseaux.

Il est rempli d’éléphans, mais les Nègres n’ont encore pu trouver l’art de les apprivoiser. Pendant que les caravelles étaient à l’ancre dans le fleuve, trois éléphans sortis des bois voisins vinrent se promener sur le bord de l’eau. On y envoya aussitôt la chaloupe avec quelques gens armés ; mais, à leur approche, les éléphans rentrèrent dans l’épaisseur du bois. Ce sont les seuls que l’auteur ait vus vivans. Gnoumi-Mansa, seigneur nègre, lui en fit voir un jeune, mais mort. Il l’avait tué dans les bois, après une chasse de deux jours. Les Nègres n’ont pour armes dans les chasses que leurs arcs et des zagaies empoisonnées. La méthode est de se placer derrière les arbres, et quelquefois au sommet. Ils passent d’un arbre à l’autre en poursuivant l’éléphant, qui, de la grosseur dont il est, reçoit plusieurs blessures avant de pouvoir se tourner et faire quelque résistance. Il n’y a pas d’homme qui osât l’attaquer en pleine campagne, ni qui pût espérer de lui échapper par la fuite ; mais cet animal est naturellement si doux, qu’il ne fait jamais de mal, s’il n’est offensé. Les