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anthropophages, on voit qu’ils n’avaient pas meilleure opinion de nous.

Les commandans des trois caravelles n’en résolurent pas moins de remonter la rivière l’espace de cent milles, dans l’espérance de trouver des peuples mieux disposés. Mais ils trouvèrent de la résistance dans leurs matelots, qui, dans l’impatience de retourner en Europe, déclarèrent ouvertement qu’ils n’iraient pas plus loin. Cadamosto et les autres chefs, se défiant de leur autorité, prirent le parti de mettre le lendemain à la voile pour retourner au cap Vert.

Cadamosto fut plus heureux dans un second voyage qu’il fit au pays de Gambra, qu’il avait résolu de mieux reconnaître. Accompagné de ce même Génois qui l’avait suivi, il remonta la rivière, et mit dans sa chaloupe quelques interprètes qui parvinrent enfin à inspirer quelque confiance aux Nègres. Deux d’entre eux, qui entendaient parfaitement le langage des interprètes, montèrent sur le vaisseau de Cadamosto. Ils marquèrent beaucoup de surprise en voyant l’intérieur de la caravelle, avec toutes ses voiles et tous ses agrès. Ils ne parurent pas moins étonnés de la couleur et de l’habillement des étrangers.

On leur fit beaucoup de civilités, et l’on y joignit quelques petits présens dont ils parurent extrêmement satisfaits. Cadamosto leur demanda le nom de leur prince ; ils répondirent qu’il s’appelait Foro-Sangoli ; que sa résidence était vers le sud-est à neuf ou dix journées de dis-