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à quelque distance du village ; mais, dans cet intervalle, ils ont le droit de courir comme des furieux et de prendre tout ce qui tombe entre leurs mains : volailles, bestiaux, pain, huile, tout ce qu’ils peuvent toucher leur appartient, parce que les autres le croient souillé, et n’oseraient plus s’en servir. À la fin des trois jours, ils démolissent leur cabane, dont ils rassemblent toutes les pièces. Le premier exécuteur prend un pot sur sa tête, et conduit ses compagnons jusqu’au lieu où le criminel a reçu la mort. Là, ils l’appellent trois fois par son nom. Le premier exécuteur brise son pot sur la terre. Les autres y laissent les pièces de la cabane. Tous ensemble prennent la fuite et retournent chez eux, où, se revêtant de leur meilleur pagne, ils vont rendre visite aux brembis et aux bahoumets, qui leur donnent une certaine quantité de poudre d’or. Il n’y a personne dans la nation qui refuse cet emploi, quand il est nommé par le fétiche. Les fils mêmes du roi ne feraient pas difficulté de l’accepter. Il rend les exécuteurs infâmes pendant trois jours ; mais il passe ensuite pour un sujet de gloire. Leur usage est d’arracher une dent au criminel qui est mort par leurs mains ; et plus ils en peuvent montrer, plus ils donnent d’éclat à leur réputation.

Coutume, opinion, reines de notre sort,
Vous réglez des humains et la vie et la mort !



fin du deuxième volume.