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tendre, ils reprirent courage, et recommencèrent à tirer avec beaucoup de furie. Ils n’étaient plus qu’à la distance d’un jet de pierre. Les Portugais leur envoyèrent quelques coups d’arquebuse, dont le premier perça un Nègre au milieu de la poitrine, et le fit tomber mort. Sa chute effraya les autres ; mais elle ne les empêcha point de continuer leur attaque. On leur tua beaucoup de monde, sans perdre un seul homme sur les trois vaisseaux. Ils se retirèrent enfin.

Cadamosto chercha l’occasion, pendant les jours suivans, de faire connaître aux habitans du pays qu’on ne pensait point à leur nuire. Les interprètes s’approchèrent d’une amaldie, saluèrent les Nègres dans leur langue, et leur demandèrent pourquoi ils avaient attaqué des étrangers qui ne désiraient que leur amitié, comme ils s’étaient procuré celle des Nègres du Sénégal. Les Nègres répondirent qu’ils avaient entendu parler des blancs et de leur arrivée au Sénégal ; qu’il fallait être bien méchant pour former avec eux quelque amitié, puisqu’on n’ignorait pas que leur nourriture était la chair humaine, et qu’ils n’achetaient des Nègres que pour les dévorer ; que, pour eux, ils ne voulaient avoir aucune liaison avec des gens si cruels ; qu’ils s’efforceraient de les tuer, et qu’ils feraient présent de leurs dépouilles à leur prince, qui faisait son séjour à trois journées de la mer ; que leur pays se nommait Gambra. Si nous avons soupçonné plusieurs peuples nègres d’être