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dont une partie vit dans l’eau comme les poissons ; un autre dans des trous comme des vers, aussi nu et presque aussi stupide que ces animaux. » Mais le lecteur est assez avancé dans l’histoire d’Afrique pour n’être pas surpris de ces singularités sauvages que nous avons déjà vues partout.

Loyer nous a donné la description du petit canton d’Issini, qu’il appelle royaume, et qui tire son nom de la rivière d’Issini, qui tombe dans la mer par plusieurs embouchures, dans le voisinage de la côte de l’Ivoire ou des Dents. Elle est navigable pour les grandes barques l’espace de soixante lieues, jusqu’à ce qu’on se trouve arrêté par une chaîne de rocs qui interrompt le cours de la rivière. Cette chute d’eau est fort raide, et forme une cascade admirable dont le bruit se fait entendre à plusieurs lieues. Des deux côtés, les Nègres ont ouvert des sentiers par lesquels ils tirent leurs canots ; et les lançant ensuite au-dessus de la cataracte, ils assurent qu’ils peuvent remonter la rivière pendant trente jours, sans être arrêtés par le moindre obstacle. Si l’on doit s’en rapporter à leur témoignage, et s’il est vrai, comme ils le prétendent aussi, que le cours de la rivière est quelquefois nord, ou nord-est, au nord-ouest, elle peut venir du Niger.

Les bois qui couvrent les campagnes du royaume d’Issini servent de retraite à des légions innombrables d’animaux dont les Nègres mêmes ne connaissent pas tous les noms. Le