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ils ne devaient pas être refusés, quoiqu’il fussent non-seulement les plus difformes, mais encore les plus chers ; mais c’était une des prérogatives du roi à laquelle on était forcé de se soumettre. Les cabochirs amenaient eux-mêmes ceux qu’ils voulaient vendre, chacun selon son rang et sa qualité : ils étaient livrés aux observations des chirurgiens anglais, qui examinaient soigneusement s’ils étaient sains et s’ils n’avaient aucune imperfection dans leurs membres ; ils leur faisaient étendre les bras et les jambes ; ils les faisaient sauter, tousser ; ils les forçaient d’ouvrir la bouche et de montrer les dents pour juger de leur âge ; car, étant tous rasés avant de paraître aux yeux des marchands, et bien frottés d’huile de palmier, il n’était pas aisé de distinguer autrement les vieillards de ceux qui étaient dans le milieu de l’âge. La principale attention était à n’en point acheter de malades, de peur que leur infection ne devint bientôt contagieuse. La maladie qu’ils appellent pian (yaws en anglais ) est fort commune parmi ces misérables ; elle a presque les mêmes symptômes que le mal vénérien : ce qui oblige le chirurgien d’examiner les deux sexes avec la dernière exactitude. On tient les hommes et les femmes séparés par une cloison de grosses barres de bois pour prévenir les querelles.

Après avoir fait le choix de ceux qu’on veut acheter, on convient du prix et de la nature des marchandises ; mais la précaution que les