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trouvaient de la difficulté à tracer le chemin d’une place à l’autre ; au lieu qu’avec leurs vaisseaux, ceux-là ne manquaient pas leur route sur mer, à quelque distance qu’ils fussent de la terre.

Les Nègres sucent le miel dans la gaufre, et laissent la cire comme une chose inutile. L’auteur, ayant acheté d’eux quelques ruches, leur apprit la manière d’en tirer du miel, et leur demanda ensuite ce qu’ils croyaient qu’on pût faire du reste. Ils répondirent qu’ils ne le croyaient bon à rien. Mais ils furent fort surpris de lui en voir faire de la bougie, qu’il alluma en leur présence. Les blancs, s’écrièrent-ils, n’ignorent rien.

Un si long séjour ayant donné l’occasion à l’auteur de connaître la plus grande partie du pays, il résolut, après avoir acheté quelques esclaves, de doubler le cap Vert pour faire de nouvelles découvertes et tenter la fortune. Il se souvenait d’avoir entendu dire au prince Henri qu’au-delà du Sénégal il y avait une autre rivière nommée Gambra (Gambie), d’où l’on avait déjà rapporté quantité d’or, et qu’on ne pouvait faire ce voyage sans acquérir d’immenses richesses. Une si belle espérance lui fit regagner sa caravelle et mettre aussitôt à la voile.

Un jour au matin, il découvrit deux bâtimens dont il s’approcha : l’un appartenait à Antonio Uso Dimarco, gentilhomme génois, et l’autre à quelques Portugais qui étaient au service du prince Henri. Ils s’avançaient de concert vers les côtes d’Afrique, dans le dessein de passer le cap Vert, et de cherelier fortune en faisant