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Les pays qui bordent la Gambie sont infestés d’une sorte de punaises qui causent de grands ravages. On n’est pas moins incommodé d’une prodigieuse multitude de fourmis blanches, qui se répandent par des voies singulières. Elles s’ouvrent sous terre une route imperceptible et voûtée avec beaucoup d’art, par laquelle des légions entières se rendent en fort peu de temps au lieu qui renferme leur proie. Il ne leur faut que douze heures pour faire un conduit de cinq ou six toises de longueur. Elles dévorent particulièrement les draps et les étoffes ; mais les tables et les coffres ne sont pas plus à l’épreuve de leurs dents ; et ce qu’on aurait peine à croire, si on ne le vérifiait tous les jours, elles trouvent le moyen de ronger l’intérieur du bois sans en altérer la superficie : de sorte que l’œil est trompé aux apparences. Le soleil est leur ennemi. Non-seulement elles fuient sa lumière, mais elles meurent lorsqu’elles y sont exposées trop long-temps. La nuit leur rend toute leur force. Les Européens, pour conserver leurs meubles, sont obligés de les élever sur des piédestaux, de les enduire de goudron, et de les faire souvent changer de place.

Il y a dans les bois une grosse mouche verte dont l’aiguillon tire du sang comme une lancette. Mais la plus grande peste du pays est une espèce de cousins, que les Portugais nomment mousquites, qui se répondent dans l’air à millions vers le coucher du soleil. Les Nègres sont