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endormi sur quelque branche d’arbre, et s’en saisissent avec un lacet qu’ils attachent au bout d’une gaule.

On trouve des caméléons dans les pays qui bordent le Sénégal et la Gambie : cet animal, qui est une espèce de lézard, se nourrit de mouches et d’insectes. Les anciens naturalistes le faisaient vivre de l’air. Il darde une langue de sept à huit pouces, c’est-à-dire de la longueur de son corps. Elle est couverte d’une matière glutineuse qui arrête tout ce qui la touche. Lorsqu’il est endormi, il paraît presque toujours d’un jaune luisant. Il a les yeux très-beaux, et placés de manière que de l’un il peut regarder en haut, et de l’autre en bas. Les caméléons ordinaires ne sont pas plus gros que la grenouille ; et sont généralement couleur de souris ; mais il y en a de beaucoup plus gros.

De Bruyn, dans ses voyages au Levant, a donné la plus parfaite description qu’on ait encore vue du caméléon, avec une figure de la même exactitude. Il trouva l’occasion à Smyrne de se procurer quelques-uns de ces animaux ; et, voulant découvrir combien de temps ils peuvent vivre, il en gardait soigneusement quatre dans une cage. Quelquefois il leur laissait la liberté de courir dans sa chambre et dans la grande salle de la maison qu’il habitait. La fraîcheur du vent de mer semblait leur donner plus de vivacité. Ils ouvraient la bouche pour recevoir l’air frais. Jamais de Bruyn ne les vit