Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en bon ordre sous des chefs. Ce sont ordinairement les mâles vigoureux, les individus les plus robustes qui sont à la tête de la troupe. On ajoute que les femelles portent leur petit sous le ventre, quand elle n’en ont qu’un ; mais que, si elles en ont deux, elles chargent le second sur le dos ; et que leur arrière-garde est toujours composée d’un certain nombre des plus gros. Il est certain qu’ils sont d’une hardiesse extrême. Jobson, voyageant sur la rivière, était surpris de leur témérité à se présenter, sur les arbres, à secouer les branches, et à menacer les Anglais avec des cris confus, comme s’ils eussent été fort offensés de les voir. Pendant la nuit, on entendait quantité de voix qui semblaient parler toutes ensemble, et qu’une voix plus forte, qui prenait le dessus, réduisait ensuite au silence. Jobson remarqua aussi, dans quelques endroits fréquentés par ces animaux, une sorte d’habitations composées, de branches entrelacées, qui pouvaient servir du moins à les garantir de l’ardeur du soleil. Les Nègres mangent fort avidement la chair des singes. Quelques-uns de ces singes aiment beaucoup à mordre et à déchirer. Aussi les Nègres du Sénégal, qui voient les Français rechercher ces animaux, leur apportent des rats en cage, en les assurant qu’ils sont plus méchans encore, et qu’ils mordent mieux que les singes.

On ne peut s’imaginer les ravages que ces pernicieux animaux causent dans les champs des Nègres, lorsque le millet, le riz et les