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temps sans pouvoir prendre sur lui le moindre avantage ; enfin, se trouvant serré de plus près, il se mit à pousser des cris si furieux, que tout le troupeau de porcs qu’on avait pris soin d’éloigner, accourut à ce bruit, sans que rien fût capable de l’arrêter ; et tous ensemble ils fondirent si brusquement sur la panthère, qu’elle n’eut pas d’autre ressource, pour se mettre à couvert, que de sauter dans le fossé du fort, où les porcs n’osèrent la suivre.

On a remarqué que les panthères d’Afrique n’attaquent jamais les blancs, c’est-à-dire les Européens, quoiqu’elles dévorent fort avidement les Nègres. Elles sont plus cruelles et plus voraces que les lionnes. Lorsqu’elles sont pressées par la faim, elles entrent dans les villages, elles enlèvent le premier animal qu’elles rencontrent, à la vue même des habitans, qu’elles dévorent quelquefois eux-mêmes. Il est difficile de se procurer des panthères vivantes, parce que les Nègres les tuent avec des flèches empoisonnées, et que dans les piéges mêmes où ils trouvent quelquefois le moyen de les prendre, ils ne peuvent ou n’osent s’en saisir qu’après les avoir tuées à coups de flèches. Une panthère mortellement blessée ne laisse pas de fuir avec beaucoup de vitesse, et n’expire ordinairement que dans sa fuite.

Il se trouve sur la côte d’Or des panthères aussi grosses que des buffles. On en distingue de quatre ou cinq sortes, dont la différence consiste dans leur grandeur et la disposition de