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appellent mighol, en sort toute l’année. Il n’est question que de faire deux ou trois ouvertures au tronc, et d’y suspendre des calebasses pour recevoir une eau brune qui coule fort lentement ; car, depuis le matin jusqu’au soir, un arbre ne remplit pas plus de deux calebasses : elle est d’un fort bon goût ; et si l’on n’y mêle rien, elle enivre comme le vin. Cadamosto assure que les premiers jours elle est aussi agréable que nos meilleurs vins ; mais elle perd cet agrément de jour en jour, jusqu’à devenir aigre : cependant elle est plus saine le troisième ou le quatrième jour que le premier, parce qu’en perdant un peu de sa douceur, elle devient purgative. Cadamosto en faisait usage et la trouvait préférable au vin d’Italie. Le mighol n’est pas en si grande abondance que tout le monde en ait à discrétion ; mais comme les arbres qui le produisent sont répandus dans les campagnes et les forêts, chacun se procure une certaine quantité de liqueur par son travail, et les mieux partagés sont toujours les seigneurs qui emploient plus de gens à la recueillir.

Les Nègres ont diverses sortes de fruits qui n’ont pas beaucoup de ressemblance avec ceux de l’Europe, mais qui sont excellens, sans le secours d’aucune culture, quoiqu’ils puissent être encore meilleurs, si l’on prenait soin de les cultiver. En général, le pays est rempli d’excellens pâturages et d’une infinité de beaux arbres qui ne sont pas connus en Europe. On y trouve aussi quantité, d’étangs ou de petits lacs d’eau