Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vage comme une voile étendue ; aussi n’y voit-on pas de rocs qui en rendent l’accès difficile aux barques et aux chaloupes. La fontaine est à quelques pas de la mer ; c’est la meilleure et la plus commode de toute la côte. On y peut remplir cent tonneaux dans l’espace d’un jour : elle vient du centre des montagnes de Timna, qui forment une chaîne d’environ quinze lieues, mais dont les tigres, les lions et les crocodiles ne permettent pas d’approcher. Les eaux fraîches se précipitent du sommet des montagnes, et forment en tombant diverses cascades, avec un très-grand bruit. Ensuite, se réunissant dans une espèce d’étang, leur abondance les fait déborder pour se répandre sur un rivage sablonneux, où elles se rassemblent encore dans un bassin qu’elles se forment au pied des montagnes : de là elles recommencent à couler sur le sable, et se perdent enfin dans la mer. Barbot représente ce lieu comme un des plus beaux endroits de la contrée. Le bassin qui reçoit toutes ces eaux est environné de grands arbres d’une verdure continuelle, qui forment un ombrage délicieux dans les plus grandes chaleurs. Les rochers même qui sont dispersés aux environs contribuent à l’embellissement du lieu. C’était dans cette agréable retraite que Barbot prenait souvent plaisir à faire ses repas.

Les singes nommés barris sont d’une très-grande taille ; on les accoutume dans leur jeunesse à marcher droit, à broyer les grains,