Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accoutumés. Ils sont si grands parleurs, que, leur langue n’est jamais oisive, ils sont menteurs et toujours prêts à tromper. Cependant la charité est entre eux une vertu si commune, que les plus pauvres donnent à dîner, à souper, et le logement aux étrangers, sans exiger aucune marque de reconnaissance.

Ils ont souvent la guerre, dans le sein de leur nation ou contre leurs voisins. Leurs armes sont une espèce de bouclier qui est composé de la peau d’une bête qu’ils nomment danta[1], et qui est fort difficile à percer ; la zagaie, sorte de dard qu’ils lancent avec une dextérité admirable, armée de fer dentelé, ce qui rend les blessures extrêmement dangereuses ; une espèce de cimeterre courbé en arc, qui leur vient de la Gambie ; car s’ils ont du fer dans leur pays, ils l’ignorent, et leurs lumières ne vont pas jusqu’à le pouvoir mettre en usage. Ils ont aussi une sorte de javeline qui ressemble à nos demi-lances. Avec si peu d’armes, leurs guerres sont extrêmement sanglantes, parce qu’ils portent peu de coups inutiles. Ils sont fiers, emportés, pleins de mépris pour la mort, qu’ils préfèrent à la fuite. Ils n’ont point de cavalerie, parce qu’ils ont peu de chevaux. Ils connaissent encore moins la navigation ; et, jusqu’à l’arrivée des Portugais, ils n’avaient jamais vu de vaisseaux sur leurs côtes. Ceux qui habitent les bords de la rivière ou le rivage de la mer ont de petites barques qu’ils nomment zapolies et

  1. C’est l’hippopotame.