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vrent de peaux de chèvres, à peu près dans la forme de nos hauts-de-chausses. Mais les grands et les riches portent des chemises de coton que les femmes filent dans le pays. Le tissu de chaque pièce n’a pas plus de six pouces de largeur ; car ils n’ont pu trouver l’art de faire leurs pièces plus larges. Ils sont obligés d’en coudre cinq ou six ensemble, pour les ouvrages qui demandent plus d’étendue. Leurs chemises tombent jusqu’au milieu de la cuisse. Les manches en sont fort amples ; mais elles ne leur viennent qu’au milieu du bras. Les femmes sont absolument nues depuis la tête jusqu’à la ceinture, le bas est couvert d’une jupe de coton qui leur descend jusqu’au milieu des jambes. Les deux sexes ont la tête et les pieds nus ; mais ils ont les cheveux fort bien tressés, ou noués avec assez d’art, quoiqu’ils les aient fort courts. Les hommes s’emploient comme les femmes à filer et à laver les habits.

Le climat est si chaud, qu’au mois de janvier la chaleur surpasse celle de l’Italie au mois d’avril ; et plus, on avance, plus on la trouve insupportable. C’est l’usage pour les hommes et les femmes de se laver quatre ou cinq fois le jour. Ils sont d’une propreté extrême pour leurs personnes ; mais leur saleté, au contraire, est excessive dans leurs alimens. Quoiqu’ils soient d’une ignorance et d’une grossièreté étonnante sur toutes les choses dont ils n’ont pas l’habitude, l’art et l’habileté même ne leur manquent pas dans les affaires auxquelles ils sont