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ne peut douter qu’ils ne pussent acquérir plus d’habileté, s’ils avaient moins de paresse avec un peu plus d’instruction. Ils forgent encore l’espèce de pelle ou de bêche avec laquelle ils cultivent la terre. Le fer de l’Europe leur sert à fabriquer de courtes épées, et les têtes de leurs zagaies et de leurs dards. Ils en forment aussi la pointe barbelue de leurs flèches empoisonnées. L’ouvrage est assez propre dans la plupart de ces armes ; mais la plus grande utilité qu’ils tirent du fer est pour l’agriculture. Ils en composent une sorte de pelle avec laquelle ils grattent la terre plutôt qu’ils ne l’ouvrent. Jobson employa un de ces forgerons nègres pour briser une barre de fer en plusieurs parties de longueur convenable pour le commerce. Le Nègre apporta toute sa boutique sur la rive : elle consistait dans une paire de soufflets et une petite enclume, qu’il enfonça dans la terre sous un arbre fort touffu. Il fit un trou pour y placer ses soufflets, en faisant passer les tuyaux dans un autre trou voisin qui était destiné à contenir le charbon. Un petit Nègre ne cessait de souffler. Le fer fut coupé suivant les ordres de Jobson ; mais il avertit qu’il ne faut pas perdre le forgeron de vue, si l’on ne veut pas qu’il dérobe une partie de la matière.

Après le forgeron, leur principal artisan est le sepatero, qui fait les grisgris, c’est-à-dire de petites boîtes ou de petits étuis ou les Nègres renferment certains caractères écrits