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Les peuples d’Anterota sont également pauvres et féroces. Ils n’ont pas de villes fermées, ni d’autres habitations que de misérables villages, dont les maisons sont couvertes de chaume. La pierre et le ciment ne leur manqueraient pas, mais ils n’en connaissent pas l’usage. Le chef n’a pas de revenu certain : mais les seigneurs du pays, pour gagner sa faveur, lui font présent de chevaux et d’autres bêtes, telles que des vaches et des chèvres. Ils y joignent différentes sortes de légumes et de racines, surtout du millet. Il ne subsiste d’ailleurs que de vols et de brigandages. Il enlève, pour l’esclavage, les peuples des pays voisins. Il ne fait pas plus de grâce à ses propres sujets. Une partie de ces esclaves est employée à la culture des terres qui lui appartiennent : le reste est vendu, soit aux Azanaghis et aux marchands arabes, qui les prennent en échange pour des chevaux, soit aux vaisseaux chrétiens, depuis que le commerce est ouvert avec eux. Chaque Nègre peut prendre autant de femmes qu’il est capable d’en nourrir. Le chef n’en a jamais moins de trente ou quarante, qu’il distingue entre elles suivant leur naissance et le rang de leurs pères. Il les entretient dans certaines habitations huit ou dix ensemble, avec des femmes pour les servir, et des esclaves pour cultiver les terres qui leur sont assignées. Elles ont aussi des vaches et des chèvres, avec des esclaves pour les garder. Lorsqu’il les visite, il ne porte avec lui aucune provision, et c’est d’elles qu’il