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celles de l’épinette. Il jugea qu’entre des mains capables de le toucher, il serait fort harmonieux. Moore raconte qu’ayant été reçu à Nakkaouay, sur la Gambie, au son d’un balafo, il lui trouva dans l’éloignement beaucoup de ressemblance avec l’orgue ; mais la description qu’il en donne paraît un peu différente. Il était composé, dit-il, d’environ vingt tuyaux d’un bois fort dur et fort poli, dont la longueur et la grosseur allaient en diminuant. Ils étaient joints ensemble avec de petites courroies d’un cuir fort mince, cordonnées autour de plusieurs petites verges de bois. Sous les tuyaux étaient attachées douze ou quinze calebasses de grosseur inégale, qui produisaient le même effet que le ventre d’un clavecin. Les Nègres, ajoute Moore, frappent sur cet instrument avec deux baguettes, couvertes d’une peau fort mince de l’arbre qui se nomme siboa, ou d’un cuir léger, pour adoucir le son.

Ceux qui font profession de jouer du balafo sont des Nègres d’un caractère singulier, et qui paraissent également faits pour la poésie et pour la musique. On les comparerait volontiers aux anciens Bardes des îles Britanniques. Tous les voyageurs Français qui ont décrit le pays des Iolofs et des Foulas les ont nommés guiriots. Jobson leur donne le nom de djeddis, qu’il rend en anglais par fiddlers ou ménétriers. Peut-être celui de guiriot est-il en usage parmi les Iolofs , et celui de djeddis parmi les Mandingues.