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quelque personne de son sang. Cependant il vit dans l’égalité avec sa milice. Chaque soldat a la même part au butin de la guerre, et le roi ne prend que ce qui est nécessaire à ses besoins. Cette loi, qu’il s’est imposée, ne lui permet guère de quitter les armes ; car aussitôt qu’il a consommé les fruits d’une guerre, il est obligé, pour satisfaire son avidité et celle de ses gens, de chercher quelque nouvelle proie.

En 1732, c’est-à-dire dans le temps que Moore était en Afrique, le roi de Barsalli était un prince d’une humeur si emportée, qu’au moindre ressentiment il ne faisait pas difficulté de tirer sur celui dont il se croyait offensé. Moore n’ajoute pas si c’était un coup de flèche ou d’arme à feu ; mais cette fureur était d’autant plus dangereuse, que le roi tirait fort adroitement ; quelquefois, lorsqu’il se rendait sur une chaloupe de la compagnie, à Cahone, qui était une de ses propres villes, il se faisait un amusement de tirer sur tous les canots qui passaient, et dans la journée il tuait toujours un homme ou deux. Quoiqu’il eût un grand nombre de femmes, il n’en menait jamais plus de deux avec lui. Il avait plusieurs frères ; mais il était rare qu’il leur parlât ou même qu’il les reçût dans sa compagnie. S’ils obtenaient cet honneur, ils n’étaient pas dispensés de la loi commune qui oblige tous les Nègres à se jeter de la poussière sur le front lorsqu’ils approchent de leur roi : cependant ils sont les héritiers de la couronne après lui ; mais dans le