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l’infanterie fait une décharge de ses flèches, et la cavalerie lance ses dards ; on en vient ensuite à la zagaie. Ils épargnent néanmoins leurs ennemis, dans l’espérance de faire un plus grand nombre d’esclaves ; c’est le sort de tous les prisonniers, sans distinction d’âge ni de rang. Malgré les ménagemens qu’ils observent dans la mêlée, comme ils combattent nus et qu’ils sont fort adroits, leurs guerres sont toujours fort sanglantes. D’ailleurs ils aiment mieux perdre la vie que de s’exposer au moindre reproche de lâcheté, et ce motif les anime autant que la crainte de l’esclavage.

Si le premier choc ne décide pas de la victoire, ils renouvellent souvent le combat pendant plusieurs jours. Enfin, lorsqu’ils commencent à se lasser de verser du sang, ils envoient de chaque côté les marabouts pour négocier la paix ; et, s’ils conviennent des articles, ils jurent sur l’Alcoran et par Mahomet d’être fidèles à les observer. Il n’y a jamais de composition pour les prisonniers. Ceux qui ont le malheur d’être pris demeurent les esclaves de celui qui les a touchés le premier.

Si l’on veut avoir, une idée de ces misérables brigands que les historiens appellent rois, il n’y a qu’à voir dans Le Maire et dans Moore le portrait qu’ils tracent des princes qui de leur temps régnaient en Afrique.

Le roi, qui porte le titre de brack, et qui gouverne la contrée que nous nommons Oualo, est si pauvre, dit Le Maire, qu’il manque sou-