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dit d’un air majestueux : « Ce que le ciel vous a donné, je vous le donne à son exemple. » Une réponse si positive dissipa aussitôt le parti opposé. Les guiriots, avec leurs instrumens et leurs tambours, célébrèrent les louanges du vainqueur. Ils lui répétèrent mille fois que le damel lui avait rendu justice, qu’il était plus beau, plus riche, plus puissant et plus courageux que son rival. Mais, tandis qu’il n’était occupé que de son bonheur, il fut surpris de s’en voir dépouillé le jour suivant. Le damel, corrompu par des présens, révoqua la sentence qu’il avait portée, et rétablit l’oncle à la place du neveu. Ce revers de fortune fit changer d’objet aux chants des guiriots. Toutes leurs louanges furent pour celui qu’ils avaient décrié par leurs satires[1].

Les rois nègres entreprennent la guerre sur les moindres prétextes ; mais les batailles ne sont que des escarmouches. Dans tout le royaume du damel à peine se trouverait-il assez de chevaux pour former deux cents hommes de cavalerie. Ce prince n’a pas besoin de provisions de bouche quand il est en campagne : toutes les femmes lui fournissent des vivres sur son passage.

Les armes de la cavalerie sont la zagaie,

  1. On a vu un exemple d’une bassesse à peu près semblable dans un guiriot français. Il adressa une ode à un ministre qui venait d’en faire renvoyer un autre, ode dans laquelle le ministre disgracié était fort maltraité ; celui-ci revint, et le guiriot lui dédia à son tour une autre ode. Toutes les deux eurent la même récompense, le mépris.