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les deux bords de la Gambie, et se mêlent partout aux deux autres nations.

Une des principales qualités qui se font remarquer dans les Iolofs, et qui paraît leur être commune avec tous les Nègres de la côte, c’est, comme on l’a déjà dit, le penchant au vol ; mais ils ont une adresse à voler qui leur est particulière.

Ce n’est pas sur les mains d’un voleur qu’il faut avoir les yeux ouverts, c’est sur ses pieds. Comme la plupart des Nègres marchent pieds nus, ils acquièrent autant d’adresse dans cette partie que nous en avons aux mains. Ils ramassent une épingle à terre. S’ils voient un morceau de fer, un couteau, des ciseaux, et toute autre chose, ils s’en approchent ; ils tournent le dos à la proie qu’ils ont en vue ; ils vous regardent en tenant les mains ouvertes. Pendant ce temps ils saisissent l’instrument avec le gros orteil ; et, pliant le genou, ils lèvent le pied par-derrière jusqu’à leurs pagnes, qui servent à cacher le vol ; et, le prenant avec la main, ils achèvent de le mettre en sûreté.

Ils n’ont pas plus de probité à l’égard de leurs compatriotes de l’intérieur des terres, qu’ils appellent montagnards. Lorsqu’ils les voient arriver pour le commerce, sous prétexte de servir à transporter leurs marchandises ou de leur rendre l’office d’interprètes, ils leur dérobent une partie de ce qu’ils ont apporté.

Leur avidité barbare va bien plus loin, car