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ciant qui entendait la langue des Mandingues, pour lui servir d’interprète et de guide. Ayant traversé la rivière de Gambie, il vendit ses Nègres pour quelques vaches. Un jour que la chaleur l’obligea de se rafraîchir ; il suspendit ses armes à un arbre ; elles consistaient dans un sabre à poignée d’or, un poignard du même métal, et un riche carquois rempli de flèches, dont le fils du roi, avec qui il avait été élevé, lui avait fait présent. Son malheur voulut qu’une troupe de Mandingues accoutumés au pillage passât dans le même lieu et le vît désarmé ; sept ou huit de ces brigands se jetèrent sur lui et le chargèrent de liens, sans faire plus de grâce à son interprète. Ils commencèrent par lui raser la tête et le menton ; ce qui fut regardé par Job comme le dernier outrage, quoiqu’ils pensassent moins à l’insulter qu’à le faire passer pour un esclave pris à la guerre.

Le 27 de février ils le vendirent avec son interprète au capitaine Pike, et le 1er. de mars ils les livrèrent à bord. Pike, apprenant de Job qu’il était le même qui avait traité de commerce avec lui quelques jours auparavant, et qu’il n’était esclave que par un coup du sort, lui permit de se racheter lui et son compagnon. Job envoya aussitôt chez un ami de son père, qui demeurait près du comptoir anglais de Djôr, en le faisant prier de donner avis de son infortune à Bounda. Mais, la distance étant de quinze journées, et le capitaine pressé de