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mère, il s’en trouve néanmoins de cette couleur dans le pays de Bambouk et de Galam ; on y en voit aussi de tachetés. Le monocéros, ou calao, n’y est pas rare ; sa grandeur est celle d’un coq ordinaire, et son plumage varié, surtout aux ailes ; son bec est long, très-gros, arqué en faux ; la partie supérieure surmontée d’une proéminence qui croît avec l’âge, et prend la forme d’un double bec ou d’un casque. Ce bec monstrueux n’est ni fort à proportion de sa grosseur, ni utile à raison de sa structure. Il n’a pas de prise ; sa pointe ne peut servir que mollement ; sa substance est si tendre, qu’elle se fêle à la tranche par le plus léger frottement ; heureusement ces cassures accidentelles se raccommodent tous les ans. La corne du bec repousse d’elle-même à chaque mue de l’oiseau, et cette pousse continuelle rend toujours aux becs leur première forme et leurs dentelures naturelles. Ces oiseaux se tiennent ordinairement en grandes bandes ; ils vivent d’insectes, de reptiles, de rats, de souris ; mais, avant de manger ces animaux, ils les aplatissent, les amollissent dans leur bec, et les avalent entiers ; ils recherchent aussi les charognes, et s’en nourrissent comme les vautours : cependant ils donnent la préférence aux intestins ; ils marchent peu et fort mal ; ils se tiennent ordinairement sur les grands arbres.

L’abel-mosch, nommé autrement la graine de musc ou l’ambrette (hibiscus abelmoschus),