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guide le fils du farim de Caïnoura. Tout était à craindre de la part d’un peuple si jaloux de son or. Les plus passionnés proposèrent de lui ôter la vie. D’autres, plus modérés, voulurent qu’il fût renvoyé, sans lui laisser le temps d’observer le pays.

Cependant le farim de la ville, sollicité par le fils de son ami, et peut-être gagné par les présens de Compagnon, trouva le moyen de persuader à ses sujets que leurs alarmes étaient mal fondées. Il les assura que ce blanc était un honnête homme, qui venait leur proposer un commerce avantageux, et qui pouvait leur fournir d’excellentes marchandises à meilleur marché que les négocians maures ou nègres auxquels ils permettaient l’entrée de leur pays. Ces raisons, soutenues de quelques présens qui furent répandus à propos entre les principaux habitans et leurs femmes, produisirent un changement merveilleux. La défiance parut se changer en affection. Le peuple accourut en foule pour admirer les armes et l’habillement de l’étranger. On lui trouva du sens et de bonnes qualités. Comme il s’accommodait à leurs maximes, il s’insinua si heureusement dans leur estime, qu’il se vit bientôt autant d’amis qu’il avait eu d’abord d’ennemis et de persécuteurs. On lui répétait de toutes parts : « Nous remercions le ciel de vous avoir conduit ici. Nous souhaitons qu’il ne vous arrive aucun mal. »

Compagnon aurait remercié la fortune, s’il