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qui sont heureusement peu dangereux. Il aime la musique et le chant. La manière de lui faire hâter sa marche, est de siffler ou de jouer de quelque instrument. On assure que les femelles portent une année presque entière, et qu’elles ne s’accouplent qu’une fois en trois ans. Aussitôt qu’un jeune chameau vient au monde, les Maures lui lient les quatre pieds sous le ventre, et le couvrent d’un drap, sur les coins duquel ils mettent des pierres fort pesantes ; ils l’accoutument ainsi à recevoir les plus gros fardeaux. Le lait des chameaux est un des principaux alimens des Maures. On mange leur chair lorsqu’ils deviennent vieux ou peu propres au service ; et l’on assure que, malgré sa dureté, elle est saine et nourrissante. Les Maures donnent à cette espèce de chameau le nom de djimls.

Ils en ont une autre espèce qu’ils nomment béchets, mais qui est rare en Afrique, et qui ne se trouve guère hors de l’Asie. Elle est plus faible que la première, quoiqu’elle ait deux bosses sur le dos.

La troisième espèce se nomme dromadaire. Elle est plus faible que la seconde, et ne sert ordinairement que de monture. Mais, en récompense, elle est extrêmement légère à la course, sans compter qu’elle résiste fort long-temps à la soif. Aussi les Maures en font-ils beaucoup d’estime. Le mouvement de cet animal est si rapide, qu’il faut se ceindre la tête et les reins pour le supporter.