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ges ; mais, lorsqu’ils se trouvent assez chargés, ils se lèvent d’eux-mêmes, et ne souffrent pas volontiers qu’on augmente leur fardeau. Il y a peu d’animaux aussi faciles à nourrir. Le chameau se contente de branches d’arbres, de ronces et de jonc qu’il rumine : il est capable de demeurer chargé pendant trente ou quarante jours, et d’en passer huit ou dix sans boire et sans manger. Sa nourriture commune est le maïs et l’avoine. Lorsqu’il est revenu de quelque long voyage, ses maîtres lui donnent la liberté de chercher à vivre dans les plaines, où il trouve toujours de quoi se nourrir. Si l’herbe est fraîche, on ne lui donne de l’eau qu’une fois en trois jours. Il boit beaucoup lorsqu’il en trouve l’occasion ; et loin d’aimer l’eau bien claire, il la trouble avec le pied pour la rendre bourbeuse.

Le chameau a le cou fort long, à proportion de sa tête, qui est fort petite. Il a sur le dos une bosse assez épaisse, et sous le ventre une substance calleuse, sur laquelle il se soutient lorsqu’il plie les jambes. Ses cuisses et sa queue sont petites ; mais il a les jambes longues et fermes, et le pied fourchu comme le bœuf. La nature l’a rendu traitable et docile, fort utile aux besoins des hommes et peu incommode pour la dépense. Il vit long-temps. Son naturel le porte à la vengeance ; et s’il est maltraité sans raison par ses guides, il saisit la première occasion de leur marquer son ressentiment par quelques coups de pieds,