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lange d’un peu d’eau. Elle leur donne de la force et de la santé. Enfin, par sa simplicité et ses autres vertus, ils la regardent comme une diète excellente. Si elle a quelque chose d’insipide, on peut lui donner, avec une teinture, l’odeur et le goût qu’on désire. Il paraît étrange, ajoute Brue, que ceux qui l’apportent de plus de trois cents milles dans l’intérieur des terres n’aient aucune provision de reste lorsqu’ils arrivent au marché ; mais il est bien plus surprenant qu’ils n’en aient pas eu d’autre que leur gomme, et qu’elle ait été leur unique subsistance dans une si longue route. Cependant c’est un fait qui ne peut être contesté, et sur lequel on a le témoigage de tous ceux qui ont passé quelque temps au Sénégal. Brue, qui avait goûté souvent de la gomme, la trouvait agréable. Les pièces les plus fraîches, c’est-à-dire celles qui ont été recueillies nouvellement, s’ouvrent en deux comme un abricot mûr. Le dedans est tendre, et ressemble assez à l’abricot par le goût.

On fait un grand usage de la gomme du Sénégal dans plusieurs manufactures, particulièrement dans celles de laine et de soie. Les teinturiers s’en servent beaucoup aussi. Toute l’habileté dans le choix de cette gomme consiste à prendre la plus sèche, la plus nette et la plus transparente, car la grosseur et la forme des pains n’y mettent aucune différence.

L’arbre qui la porte, en Afrique comme en Arabie, est une sorte d’acacia assez petit et